2008-10-04

Pour Obama

"Sans aucune volonté d'ingérence dans la politique américaine", je me suis décidé, après longue hésitation, à soutenir la candidature de Barack Obama, sans préjudice de ma sympathie pour le Parti libertarien, qui n'a cependant aucune perspective de succès en 2008.

Je ne suis pas Américain. Ce choix n'est donc pas mû par des considérations de politique intérieure, qui ne me concernent pas, mais par des considérations de politique étrangère.

L'épine dans le pied de toutes les relations internationales, depuis des décennies, est le conflit israélo-palestinien. Il est la cause ou le prétexte de nombre d'autres crises, notamment du terrorisme islamique.

Le bilan de huit ans de présidence républicain de George Bush II sur le terrain de la paix au Moyen-Orient est pire que nul, il est négatif. La promesse d'aboutir à un réglement négocié avant la fin du mandat de George W. Bush, déjà démonétisé (a "lame duck" disent les Américains), comme l'a montré le rejet parlementaire du plan Paulson I, "n'engage que ceux qui la reçoivent", et est au mieux naïve, au pire un mensonge destiné à temporiser.

Le candidat républicain John McCain prétend se démarquer de la présidence de George Bush II, mais il n'a pris aucune position qui augure d'un progrès dans la résolution pacifique du conflit israélo-palestinien, vieux de 60 ans.

Le candidat démocrate Barack Obama n'est pas beaucoup plus clair quant à ses propositions sur le conflit israélo-palestinien, mais entre le néant républicain et la confusion démocrate, je choisis la confusion (cf. cette comparaison des positions des candidats à l'élection présidentielle de 2008).

Je pense que le parti républicain doit être sanctionné pour cette inaction coupable dans le conflit israélo-palestinien, sans même mentionner la guerre en Iraq, qui fut une erreur et reste un échec cinq ans après son déclenchement par un président sourd aux conseils avisés et amicaux de la France.

En outre, je fais davantage confiance à Joe Biden qu'à Sarah Palin en tant que vice-président des Etats-Unis. Je crois que sur ce point il n'est pas utile de développer.

On pourrait m'opposer une contradiction apparente entre la critique de l'ingérence en Iraq, et la critique de la passivité en Israël / Palestine. Or les Etats-Unis disposent déjà d'une forte influence en Israël / Palestine ; c'est l'usage qu'ils font de cette influence déjà réelle qui pose problème, comme le montrent inlassablement des organisations comme J Street, B'Tselem, La Paix maintenant, qui militent pour une prise de conscience de l'opinion internationale en général et à Washington en particulier... En outre, c'est au mépris du droit international que les Etats-Unis sont intervenus en Iraq, alors que c'est au mépris du droit international, notamment de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, que la situation évolue en Israël / Palestine.

Dernier point, au sujet de la politique intérieure : ce serait une erreur de croire que les Républicains sont de droite et small government, et que les Démocrates sont de gauche et big government, malgré les discours :

Peut-on dire que les démocrates sont à gauche et les républicains à droite ? Ce n'est pas si simple.
Par exemple, sous George II, c'est la première fois que l'emploi public fédéral croît plus vite que l'emploi privé depuis la seconde guerre mondiale. Politique typique d'une gauche conservatrice.
Sous Bill, jamais autant d'emplois publics fédéraux n'avaient été supprimés, et jamais l'écart avec les créations d'emplois privés n'avait été aussi grand depuis la seconde guerre mondiale. Politique typique d'une droite réformatrice.
Seul précédent, dans une proportion moindre : l'administration du républicain Eisenhower. Eh non, sous "l'ultralibéral" Reagan, on n'a pas supprimé d'emplois publics fédéraux...
Nos grilles de lectures françaises ne sont pas transposables à la politique américaine, ne nous en déplaise.
(Source : Bureau of Labor Statistics ; IHT 9 février 2008 p. 12)

Ainsi, entre des républicains qui ont fait la preuve de leur incompétence et dont John McCain ne s'est pas clairement démarqué et des démocrates qui ont su, dans le passé, faire preuve de responsabilité et dont Barack Obama accepte l'héritage, comme l'écrasante majorité des lecteurs de l'hebdomadaire libéral The Economist, je souhaite la victoire du ticket démocrate Barack Obama et Joe Biden, le 4 novembre 2008.

MB

Post scriptum : Comme l'a écrit Guy Millière, c'est loin d'être gagné ; c'est pourquoi le biais de la couverture de la campagne dans les media français est irritant : si John McCain est élu, ce qui reste possible, il sera, pour les Français, un illustre inconnu.

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