2009-02-05

Le libéralisme entraîne une inflation législative

Transmis par un ami de Libertas :
« Le programme d'un colloque sur la "bureaucratisation néo-libérale" (incroyable concept) organisé par Jean-François Bayart avec le soutien du Quai d'Orsay et de l'AFD. On y lit des choses aussi délirantes que "Le libéralisme entraîne aussi une inflation législative et réglementaire" : http://www.fasopo.org/agenda/06022009_FR.pdf »

Commentaire de Libertas : on peut se demander si le ou les auteurs anonymes de ce texte ont la moindre compréhension de l'essence du libéralisme, qui suppose précisément moins de bureaucratie, moins de normes générales, plus de liberté, plus de contrats, moins de contrôle a priori, et plus de responsabilité a posteriori. Ils semblent qualifier la société actuelle de "néolibérale", alors qu'un libéral aurait plutôt tendance à considérer qu'elle est en voie de socialisation constante, comme en témoigne la progression ininterrompue des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques en proportion de la richesse produite, ainsi que l'inflation réglementaire. En qualifiant une société socialiste de libérale, on arrive à faire dire que le libéralisme entraîne une inflation normative, est interventionniste et économiquement dirigiste, ce qui est inepte, voire mensonger. Travestir le libéralisme pour mieux le décrier. Un artifice déjà dénoncé par le regretté Jean-François Revel dans son fameux essai : La grande parade, essai sur la survie de l'utopie socialiste : rejeter les maux du socialisme sur ce qu'il reste de liberté dans le pays constitue un écran de fumée, qui permet de prémunir la collectivisation réelle (cf. le logement) contre toute analyse critique.
Cela dit, ce texte semble dénoncer la bureaucratisation "néolibérale", qu'un libéral appellerait plutôt la bureaucratisation inhérente à une société illibérale, collectiviste ; mais si tous s'accordent sur l'excès de bureaucratie, il existe un terrain d'entente : la promotion de la liberté individuelle contre la servitude bureaucratique.

Le texte de présentation du colloque :

REASOPO : Réseau européen d'analyse des sociétés politiques
La Bureaucratisation du monde
Deuxième Rencontre européenne d’analyse des sociétés politiques
Paris, les 5 et 6 février 2009
Université Paris-I Panthéon Sorbonne
Place de la Sorbonne
75005 – Paris
Le néolibéralisme ne signe pas la mort de l’interventionnisme, ni même du dirigisme économique. Il est d’abord un projet politique de réaffirmation du politique. Il promeut un «gouvernement indirect privé», un «gouvernement à distance» grâce à la «privatisation de l’Etat». Sur la base de ce constat que partagent, chacun à leur manière, les études de politique publique, les travaux d’inspiration polanyienne et les recherches néo-foucaldiennes, la Deuxième Rencontre européenne d’analyse des sociétés politiques se propose de réfléchir sur la dimension bureaucratique des dispositifs économiques contemporains d’exercice du pouvoir. Ceux-ci sont évidents dans la sphère de l’Etat, fût-il «minimum», mais ils se retrouvent aussi dans le monde de l’entreprise et dans l’ensemble de la société. Max Weber et Karl Polanyi avaient compris que la contrainte juridico-administrative n’est pas propre à l’Etat stricto sensu. Elle caractérise également les institutions sociales, à commencer par les institutions économiques et les entreprises elles-mêmes. Le libéralisme entraîne aussi une inflation législative et réglementaire qui est la condition paradoxale du démantèlement des obstacles à la marchandisation des facteurs de production : la terre, le capital, le travail.
La multiplication des règles, les processus de standardisation et de quantification, la prolifération des «documents», des «papiers» évidemment «stratégiques», des manuels de procédure, des normes de certification, des «indicateurs de performance» et autres «chartes éthiques» sont inhérents à l’institutionnalisation du néolibéralisme. La vie politique, les collectivités locales, le marché, la sécurité intérieure et internationale, la protection sociale, l’environnement, la «société civile» des organisations non gouvernementales mais pas moins bureaucratiques, la diplomatie, les organisations multilatérales, les agences de régulation indépendante, l’aide au développement n’échappent pas à cette évolution. Celle-ci enferme les sociétés dites libérales dans l’«habitacle de la servitude» dont nous parlait Max Weber : celui de la bureaucratie. Elle équivaut à une production sociale de l’indifférence qui, sous couvert de lois, de réglementations, de procédures, de normes, de techniques et de plus en plus de biotechniques, rend possible, à un moindre coût politique et constitutionnel, l’usage d’une coercition à visage humain et démocratique, par exemple dans le domaine des migrations, de la santé publique, de la solidarité.

2 commentaires:

BLOmiG a dit…

c'est incroyable de pouvoir afficher son inculture avec autant d'aplomb. Il y en a qui n'ont vraiment peur de rien.

ça doit être reposant d'être aussi peu exigeant avec soi-même...

à bientôt, merci d'avoir dénoncé cela.

Anonyme a dit…

But the authors are right! All so-called liberal reforms lead to an enormous amount of paperwork!Whoever works in public service in Europe or in the US knows that. Liberalism is just an ideology, sorry.