Christine Boutin sur Radio Classique, ce 1er février 2013, à propos du projet de loi relatif à l'ouverture du mariage civil aux couples de même sexe :
"Nous sommes en train de glisser dans une logique libérale, anglo-saxonne. La France est en train de perdre son identité".
Anglo-saxon ?
Sauf que le mariage gay n'est pas (encore) voté chez les Angles, en Angleterre. Il n'existe pas non plus chez les Saxons, en Allemagne. Et s'il existe dans certains Etats des Etats-Unis, d'autres y sont farouchement opposés. Il est en revanche adopté notamment chez les Argentins, les Espagnols, les Portugais, les Belges, qui ne sont pas exactement anglo-saxons, ou alors c'est à en perdre son latin. Le mariage gay n'a donc rien à voir avec les Anglo-Saxons, construction mentale assez imaginaire qui recouvre une grande diversité de situations, et qui sert en général chez les Français à critiquer l'étranger lorsqu'il est plus libre et moins collectiviste qu'eux.
Libéral ?
Le mariage gay n'est pas conservateur au sens de Mme Boutin, c'est certain. Le conservatisme que Mme Boutin et ses amis prônent est celui de l'immobilité, du fixisme.
Le mariage gay est conservateur, en revanche, au sens où on l'entend dans le grand pays du conservatisme : bouger sur l'accessoire pour conserver l'essentiel. C'est pourquoi, en tant que conservateur, David Cameron est favorable à un projet similaire, au nom du conservatisme, en l'occurence au nom de la promotion et de l'extension de l'institution de la famille.
Français ?
L'identité française n'est pas condamnée à être le collectivisme autoritaire et immobile. Tout évolution en France, notamment pour sortir de plus de 30 ans de socialisme, serait faire perdre à la France son identité ? Il existe des penseurs libéraux français, dont la pensée devrait inspirer des changements au modèle social que nul ne nous envie. Montesquieu, Tocqueville, Bastiat, et tous les autres, font partie de l'identité française. Même s'ils sont reniés, tant à gauche par les socialistes qu'à droite par Mme Boutin et les siens.
On voit donc qu'encore une fois, le libéralisme sert injustement d'épouvantail, alors qu'il est probablement le seul remède au marasme français. Une citation de plus à ajouter à notre collection de citations antilibérales.