2008-10-31

Journal de bord de la crise 3

"Les banques françaises sous la menace d'une nationalisation partielle" ! "Au sein du gouvernement, on prépare déjà l'étape suivante : celle d'une nationalisation partielle des grandes banques. 'Le président a été très clair : si les banques ne jouent pas le jeu, il utilisera l'arme atomique', confie un proche conseiller." (Le Monde, 31 octobre 2008). La "rupture" de Nicolas Sarkozy, est-ce la rupture avec ce qu'il restait de libéralisme à l'UMP ?

Deux vidéos intéressantes.

La première, sur l'interventionnisme comme cause de la crise économique actuelle (vidéo de 7 minutes, trouvée sur le blogue du Québécois libre et créée par Un monde libre) : Crise du capitalisme ou de l'interventionnisme.
Une critique : la vidéo insiste sur l'intervention publique "active" comme cause de la crise, mais néglige les errements des acteurs privés dus à la garantie implicite ou explicite accordée par l'État (autre forme d'intervention publique, "passive" cette fois, qui ne doit pas être oubliée).



La seconde, sur la monnaie (une cinquantaine de minutes, trouvée chez les libéraux du Modem) : l'argent-dette, de Paul Grignon.
La première partie, sur l'évolution de l'émission de la monnaie, est passionnante.
En revanche, la seconde partie doit être abordée avec précaution :
1. La préconisation d'une monnaie contrôlée par le gouvernement serait concevable dans un hypothétique régime vertueux, mais compte tenu de la nature humaine, et en France socialiste, mieux vaut que l'émission de monnaie soit hors du contrôle gouvernemental... Confiée à un organe chargé d'assurer la stabilité de la valeur de la monnaie, comme la BCE. Ou bien confiée à la nature, par le retour à l'étalon-or. Ou bien en recourant à des monnaies privées en concurrence ?
2. Les théories du complot auxquelles il est fait allusion à la fin sont dangereuses à un double titre: non seulement elles ne sont jamais prouvées par ceux qui les avancent et ont des relents historiques nauséabonds, mais elles conduisent à blâmer sans preuve un petit nombre, au lieu de rappeler la responsabilité de la majorité électorale dans l'évolution illibérale du pays.


L'Argent Dette de Paul Grignon (Money as Debt FR) from Bankster on Vimeo.

Le décryptage par Arrêt sur images.net, l'excellente émission de Daniel Schneidermann, est sur le site des libéraux du Modem : "L'argent-dette" : décryptage d'une manipulation de masse, mais laquelle ?".

Il faudrait relire Jacques Rueff (Le péché monétaire de l'Occident, 1971), Milton Friedman, prix Nobel et père du monétarisme, et F. A. von Hayek (Denationalization of money, 1977), Pascal Salin (La vérité sur la monnaie, 1990), pour avoir quelques avis libéraux sur la monnaie.

Qu'est-ce que cela signifie pour l'investisseur individuel ? Pour lui, la valeur de la monnaie est une donnée exogène, sur laquelle il n'a pas prise individuellement. Il peut seulement se protéger contre la manipulation de la monnaie, en investissant en actions, dont des actions bancaires, dans l'or, l'immobilier, les œuvres d'art, et dans les placements garantis contre l'inflation (livret A, LDD, voire OATi...) sur lesquels la création monétaire, ou plutôt la dilution monétaire, n'a pas d'impact direct...

2008-10-30

Journal de bord de la crise 2

2008-10-24 : Le FMI accorde un secours de 1,65 G€ à l'Islande
2008-10-26 : Le FMI accorde un secours de 13 G€ à l'Ukraine
2008-10-28 : Le FMI accorde un secours de 12,5 G€ à la Hongrie

2008-10-29

Journal de bord de la crise 1

Un lecteur de Libertas propose de faire part de ses impressions sur la crise, et de susciter ainsi les réactions du lectorat du journal, pour le bénéfice de tous : la mer est agitée et le brouillard est épais, le risque est élevé et la visibilité est faible.

Nous n'avons guère de prise sur les décisions politiques, macro-économiques. En revanche, nous en avons chacun sur nos décisions financières personnelles, individuelles, micro-économiques.

Libertas ouvre donc une nouvelle rubrique, consacrée à la crise économique en cours, au niveau micro-économique : le journal de bord d'un investisseur réel, confronté aux turbulences des marchés, et aux actions exogènes des gouvernants.

Il livrera ses impressions sur l'évolution de la crise, son appréciation des décisions politiques, ses propres décisions ou ses simples velléités. Seul face à la tempête, aux préconisations contradictoires, aux rumeurs, aux modifications de l'environnement législatif, réglementaire, fiscal, budgétaire, monétaire, économique, financier, politique, il espère recueillir vos réactions, et susciter le débat. Cela restera aussi, après la crise, le témoignage d'une perspective libérale sur celle-ci lorsqu'il sera un peu trop facile d'avoir une lecture rétrospective d'observateur pseudo-omniscient. Il permettra de constater l'échec ou le succès des décisions macro-économiques prises par des dirigeants généralement étatistes, et l'échec ou le succès des décisions micro-économiques qu'il a prises.

Aujourd'hui, il attend. Il attend de - et s'attend à - voir l'immobilier baisser à Paris. Il ne modifie pas pour l'instant la composition de son portefeuille, composé auparavant à 50 % d'actions et à 50 % d'obligations et de SICAV monétaires (selon les principes chers à Benjamin Graham), et maintenant minoritairement d'actions du fait de la baisse des marchés d'actions.

Il vendra probablement du monétaire pour acheter des actions étrangères en décembre 2008, afin de rétablir l'équilibre de son portefeuille. Et il envisage de consacrer ses prochains dividendes, en 2009, à l'achat de métal précieux. Il veut tendre vers : 50 % d'actions, dont 1/5 d'actions étrangères (donc 10 % du total du portefeuille mobilier), et 1 à 5 % de métal précieux.

Il anticipe une hausse substantielle des prélèvements obligatoires à moyen terme pour financer les subventions annoncées, présages de dette supplémentaire ; il est tenté de s'expatrier, mais où ? Il entrevoit plusieurs scénarios dans les dix ans, pour apurer les comptes :
- soit un appauvrissement réel et significatif des Français,
- soit une banqueroute nationale, ou du moins une mise sous tutelle du FMI,
- soit une hyperinflation, dans la zone euro si l'Allemagne l'accepte, ou bien après sortie de la France de l'euro.

Des réactions ? Et vous, vous vendez tout ? Vous achetez ? Vous ne bougez pas ?

Le New Deal a prolongé la crise de 7 ans !

Conseillers du gouvernement Sarkozy et caciques du PS, Libertas vous recommande vivement cet article remarquable de Vincent Bénard: Le New Deal de Roosevelt n'a pas résolu la crise de 1929. Il l'a prolongée.

2008-10-28

Comment N. Sarkozy relance le chômage

Nicolas Sarkozy annonce à Rethel la relance des contrats aidés : 100 000 contrats subventionnés, pour 150 à 200 millions d'euros de dette supplémentaire, en plus des 230 000 contrats aidés déjà inscrits au budget de 2009. C'est ce qu'on voit. Ce qu'on ne voit pas, ce sont les emplois détruits par l'alourdissement des prélèvements obligatoires nécessaires au financement de ces subventions versées à ces emplois artificiels, par une loi injuste, qui prend aux uns pour donner aux autres. Ainsi, en voulant aider l'emploi, Nicolas Sarkozy, et son secrétaire d'État à l'emploi, Laurent Wauquiez, financent le chômage.

C'est un retour 160 ans en arrière : l'expérience des ateliers nationaux en 1848 avait déjà été un échec, une démonstration par les faits de cette erreur de raisonnement. Lisez le chapitre "Droit au travail" dans l'essai de Frédéric Bastiat, "Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas" :
« Frères, cotisez-vous pour me fournir de l'ouvrage à votre prix. » C'est le Droit au travail, le Socialisme élémentaire ou de premier degré.

« Frères, cotisez-vous pour me fournir de l'ouvrage à mon prix. » C'est le Droit au profit, le Socialisme raffiné ou de second degré.

L'un et l'autre vivent par ceux de leurs effets qu'on voit. Ils mourront par ceux de leurs effets qu'on ne voit pas.

Ce qu'on voit, c'est le travail et le profit excités par la cotisation sociale. Ce qu'on ne voit pas, ce sont les travaux auxquels donnerait lieu cette même cotisation si on la laissait aux contribuables.

En 1848, le Droit au travail se montra un moment sous deux faces. Cela suffit pour le ruiner dans l'opinion publique.

L'une de ces faces s'appelait: Atelier national.

L'autre: Quarante-cinq centimes.

Des millions allaient tous les jours de la rue de Rivoli aux ateliers nationaux. C'est le beau côté de la médaille.

Mais en voici le revers. Pour que des millions sortent il faut qu'ils y soient entrés. C'est pourquoi les organisateurs du Droit au travail s'adressèrent aux contribuables.

Or, les paysans disaient: Il faut que je paie 45 centimes. Donc, je me priverai d'un vêtement, je ne marnerai pas mon champ, je ne réparerai pas ma maison.

Et les ouvriers des campagnes disaient: Puisque notre bourgeois se prive d'un vêtement, il y aura moins de travail pour le tailleur; puisqu'il ne marne pas son champ, il y aura moins de travail pour le terrassier; puisqu'il ne fait pas réparer sa maison, il y aura moins de travail pour le charpentier et le maçon.

Il fut alors prouvé qu'on ne tire pas d'un sac deux moutures, et que le travail soldé par le gouvernement se fait aux dépens du travail payé par le contribuable. Ce fut là la mort du Droit au travail, qui apparut comme une chimère, autant que comme une injustice.
* * *

Comment relancer l'emploi ? Élaguer le code du travail et rendre aux entrepreneurs et aux chômeurs leur liberté contractuelle : liberté d'embaucher, liberté de licencier, liberté de négocier la rémunération.

2008-10-27

Frederic Lefebvre : trop de liberaux ?

"Que Dominique Strauss-Kahn connaisse parfaitement le système français et que la régulation fasse partie de ses principes est vraiment une bonne chose, à un moment où il y a beaucoup de libéraux qui détiennent des postes importants dans les institutions financières", a déclaré Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, cité par Philippe Bolopion et Alain Faujas dans leur article publié dans Le Monde.fr le 27 octobre 2008 : "Le conseil d'administration du FMI blanchit mais sermonne Dominique Strauss-Kahn".

Doit-on comprendre que l'UMP préfère les socialistes aux libéraux ? la régulation à la dérégulation ? C'est consternant.

Lien : citations antilibérales

2008-10-25

Moscou préparait la guerre en Géorgie depuis 2004

Libertas est fier d'avoir pris dès le début de la guerre de 2008 le parti du droit de la Géorgie à la souveraineté et à l'intégrité de son territoire, contre la première intervention de Moscou hors de ses frontières depuis 1979.

Le comportement des forces d'occupation russes et des milices ossètes n'a fait que confirmer le bien-fondé de cette position, en droit et en fait. Les pro-russes ont péché soit par naïveté, soit par lâcheté.

L'article du Monde publié ce jour confirme que Moscou préparait la guerre en Géorgie depuis 2004.

Lire aussi : La Russie resserre son emprise sur l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.

Lien : Géorgiens à Paris

Dessin : Les caisses ne sont toujours pas vides

2008-10-24

Commission Balladur bis

Après la commission Balladur I ("Comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions"), voici la commission Balladur II ("Comité pour la réforme des collectivités locales"), installée le 22 octobre 2008 par Nicolas Sarkozy.

Puissent ses travaux s'inspirer de ce passage de La Loi de Frédéric Bastiat :
"Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l'humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s'occuper d'elle."

Fonds souverain français

Siège du fonds souverain d'Abu Dhabi

L'idée de créer un fonds souverain financé par la dette est inepte.

Les fonds souverains étrangers sont financés par des excédents et sont offensifs, destinés à investir à l'étranger; ce ne sont pas des fonds financés par endettement et destinés à faire du protectionnisme.

On veut reconstituer les fonds propres des entreprises, dit-on.

Mais pour reconstituer les fonds propres, il existe une autre méthode que les subsides de l'État : c'est de réduire l'impôt sur les sociétés, afin d'augmenter le bénéfice.

La différence entre les deux, outre les coûts de structure, c'est la maîtrise, le contrôle politique : dans un cas, chaque chef d'entreprise maîtrise sa stratégie.

Dans l'autre, c'est l'organisme public qui décidera quelle entreprise doit être recapitalisée ou pas, avec les risques d'erreurs de jugement que l'on connaît.

Est-ce une nouvelle idée de Guaino et/ou Minc pour accroître le contrôle de l'État sur l'économie ? Le président est-il convaincu ou est-ce une gesticulation démagogique habile pour donner l'illusion d'une réponse socialiste à un peuple statolâtre tout en préservant l'essentiel ?

2008-10-19

Vandalisme républicain

L'Etat mécène ? L'exception culturelle française ? Le ministère de la culture Pygmalion ? Sa Galatée est une femme battue : l'intervention publique est parfois plus vandale que mécène. 3 exemples :

- Le Palais des Tuileries, incendié par la Commune, a été démoli par la République française en 1882, après le vote d'une loi par laquelle elle s'engageait à le reconstruire. Cet engagement républicain n'a pas été tenu.

- Les salons de l'hôtel d'Argenson, chancellerie d'Orléans, ont été démontés vers 1923 par la Banque de France, qui s'est engagée à les réinstaller. Cet engagement public n'a pas été tenu.

- La ville de Nancy a escamoté la statue de Thiers, libérateur du territoire, érigée en 1879. La place Thiers continue à porter son nom, mais attend de retrouver sa statue.


2008-10-15

Ségolène Royal : la page du libéralisme est tournée

Libertas continue sa collection de citations antilibérales.

Ségolène Royal persiste et signe. Elle déclare à Matthieu Croissandeau du Nouvel Obs.com : "La page du libéralisme est tournée" (15 octobre 2008).

Lien : citations antilibérales

2008-10-14

La Loi de Frédéric Bastiat enfin rééditée

Frédéric Bastiat
broché 10,95 €
Achetez chez Lulu.com
ISBN 978-1-4092-3543-9


Qu'est-ce que la loi ? Répondant à cette question, Frédéric Bastiat, économiste et homme politique français, a écrit La Loi, son ouvrage le plus célèbre, en 1850, deux ans après la publication du Manifeste du parti communiste de Karl Marx. C’est une lecture essentielle pour les étudiants en droit et en économie, pour les élus et les électeurs, pour les hommes de loi et les citoyens... 15 000 exemplaires de ce texte sont vendus chaque année aux États-Unis.

À lire et à offrir !

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2008-10-05

Gold standard

Nicolas Sarkozy veut "refonder le système financier".

Vu que le bordel monétaire en particuler, financier en général, a crû avec la fin du système de Bretton Woods, prévoit-il de plaider pour le retour à l'étalon-or, par la convertibilité de l'euro ?

L'accord des 4, prélude au retour à l'Union latine ?

2008-10-04

Pour Obama

"Sans aucune volonté d'ingérence dans la politique américaine", je me suis décidé, après longue hésitation, à soutenir la candidature de Barack Obama, sans préjudice de ma sympathie pour le Parti libertarien, qui n'a cependant aucune perspective de succès en 2008.

Je ne suis pas Américain. Ce choix n'est donc pas mû par des considérations de politique intérieure, qui ne me concernent pas, mais par des considérations de politique étrangère.

L'épine dans le pied de toutes les relations internationales, depuis des décennies, est le conflit israélo-palestinien. Il est la cause ou le prétexte de nombre d'autres crises, notamment du terrorisme islamique.

Le bilan de huit ans de présidence républicain de George Bush II sur le terrain de la paix au Moyen-Orient est pire que nul, il est négatif. La promesse d'aboutir à un réglement négocié avant la fin du mandat de George W. Bush, déjà démonétisé (a "lame duck" disent les Américains), comme l'a montré le rejet parlementaire du plan Paulson I, "n'engage que ceux qui la reçoivent", et est au mieux naïve, au pire un mensonge destiné à temporiser.

Le candidat républicain John McCain prétend se démarquer de la présidence de George Bush II, mais il n'a pris aucune position qui augure d'un progrès dans la résolution pacifique du conflit israélo-palestinien, vieux de 60 ans.

Le candidat démocrate Barack Obama n'est pas beaucoup plus clair quant à ses propositions sur le conflit israélo-palestinien, mais entre le néant républicain et la confusion démocrate, je choisis la confusion (cf. cette comparaison des positions des candidats à l'élection présidentielle de 2008).

Je pense que le parti républicain doit être sanctionné pour cette inaction coupable dans le conflit israélo-palestinien, sans même mentionner la guerre en Iraq, qui fut une erreur et reste un échec cinq ans après son déclenchement par un président sourd aux conseils avisés et amicaux de la France.

En outre, je fais davantage confiance à Joe Biden qu'à Sarah Palin en tant que vice-président des Etats-Unis. Je crois que sur ce point il n'est pas utile de développer.

On pourrait m'opposer une contradiction apparente entre la critique de l'ingérence en Iraq, et la critique de la passivité en Israël / Palestine. Or les Etats-Unis disposent déjà d'une forte influence en Israël / Palestine ; c'est l'usage qu'ils font de cette influence déjà réelle qui pose problème, comme le montrent inlassablement des organisations comme J Street, B'Tselem, La Paix maintenant, qui militent pour une prise de conscience de l'opinion internationale en général et à Washington en particulier... En outre, c'est au mépris du droit international que les Etats-Unis sont intervenus en Iraq, alors que c'est au mépris du droit international, notamment de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, que la situation évolue en Israël / Palestine.

Dernier point, au sujet de la politique intérieure : ce serait une erreur de croire que les Républicains sont de droite et small government, et que les Démocrates sont de gauche et big government, malgré les discours :

Peut-on dire que les démocrates sont à gauche et les républicains à droite ? Ce n'est pas si simple.
Par exemple, sous George II, c'est la première fois que l'emploi public fédéral croît plus vite que l'emploi privé depuis la seconde guerre mondiale. Politique typique d'une gauche conservatrice.
Sous Bill, jamais autant d'emplois publics fédéraux n'avaient été supprimés, et jamais l'écart avec les créations d'emplois privés n'avait été aussi grand depuis la seconde guerre mondiale. Politique typique d'une droite réformatrice.
Seul précédent, dans une proportion moindre : l'administration du républicain Eisenhower. Eh non, sous "l'ultralibéral" Reagan, on n'a pas supprimé d'emplois publics fédéraux...
Nos grilles de lectures françaises ne sont pas transposables à la politique américaine, ne nous en déplaise.
(Source : Bureau of Labor Statistics ; IHT 9 février 2008 p. 12)

Ainsi, entre des républicains qui ont fait la preuve de leur incompétence et dont John McCain ne s'est pas clairement démarqué et des démocrates qui ont su, dans le passé, faire preuve de responsabilité et dont Barack Obama accepte l'héritage, comme l'écrasante majorité des lecteurs de l'hebdomadaire libéral The Economist, je souhaite la victoire du ticket démocrate Barack Obama et Joe Biden, le 4 novembre 2008.

MB

Post scriptum : Comme l'a écrit Guy Millière, c'est loin d'être gagné ; c'est pourquoi le biais de la couverture de la campagne dans les media français est irritant : si John McCain est élu, ce qui reste possible, il sera, pour les Français, un illustre inconnu.

2008-10-03

Et ne nos inducas in tentationem...

... sed libera nos a Guaino !

Récession, nous y sommes, malgré les dénis de la Pravda gouvernementale. Immédiatement ressurgit la tentation de manquer à nos engagements budgétaires européens, qui sont aussi des engagements vis-à-vis de nous-mêmes et de nos successeurs.

La France est déjà au-delà des clous. La France est déjà au-delà de 60 %u PIB de dette publique. La France dépassera vraisemblablement les 3 % du PIB de déficit public.

Il n'est pas question de lâcher encore davantage de lest ! 3 % n'est pas un minimum de déficit public par beau temps : c'est déjà la limite supérieure du déficit autorisé, par temps de crise. Si nous cédons, nous n'aurons plus qu'à contempler le désastre après la crise. Si nous ne cédons pas, nous serons mieux armés pour reprendre notre marche vers un niveau d'activité, de croissance, d'emploi, de prospérité, plus soutenu, après la tempête.

2008-10-01

Liberalisme, crise des subprimes et plan Paulson

La crise du subprime constitue à mon sens la note du 11 septembre 2001 (qui a démarré le 9 avec l'assassinat de Massoud) et de la guerre d'Iraq.

Le citoyen-contribuable américain devra payer, d'une manière ou d'une autre, soit par la récession à court terme (en cas de refus du plan Paulson), soit par l'inflation à moyen terme (en cas d'adoption du plan Paulson).

Le citoyen-contribuable américain ne paye pas pour les spéculateurs, mais pour ses propres choix politiques passés (soutien à la guérilla islamiste de Ben Laden en Afghanistan après 1979, soutien à la guerre en Iraq). Les spéculateurs se sont contentés de profiter, de s'enrichir du fait des conséquences de ces choix stupides des dirigeants choisis par le peuple américain.

La crise des subprimes ne signe pas l'échec du capitalisme (qui va de crise en crise ; cf. la destruction créatrice de Schumpeter). Le libéralisme suppose des règles ; il n'est pas l'anarchie. Cf. Revel, dans la Grande Parade. Le libéralisme prône la liberté, mais avec son corollaire, la responsabilité. Ici, si des dirigeants prédateurs, des cambrioleurs en col blanc, se sont introduits dans les banques, les ont menées à la banqueroute en leur faisant prendre des positions excessivement risquées, ont encaissé les primes et s'en sont allés, ils doivent être personnellement sanctionnés.

La dichotomie d'Henri Guaino entre la barbarie du marché et la civilisation du capitalisme est conceptuellement erronée. Il en vient à prôner une sorte de capitalisme d'Etat ; ne voulant pas du marché libre, veut-il se passer de marché ou veut-il un marché administré ? Le libéralisme considère que nul autre que chaque homme n'est maître de sa propre vie ; ainsi, il est libre d'agir ; et propriétaire du fruit de ses actions (et responsable du tort qu'il cause à autrui). Le marché se rapporte à la liberté de chacun. Le capital se rapporte au droit de propriété. Le marché est le lieu de l'échange, il n'est ni un dieu ni une personne. Réguler (c'est à dire réglementer) le marché, distordre les prix, c'est porter atteinte directement à la liberté de chacun d'échanger, et indirectement à la propriété de chacun, qui inclut le droit de disposer de ses biens.

Le capitalisme suppose le marché, même si le protectionnisme a toujours exercé une séduction en France et constitué une limite (cf. le Grand Méchant Marché, de Thesmar et Landier).

Ce que perçoit Henri Guaino, sans l'exprimer correctement, c'est que le marché est un lieu où doit régner le droit, la sûreté. C'est-à-dire que les transactions doivent s'exercer dans un cadre juridique qui les garantit. Ce que nul ne conteste, pas même les libéraux. La liberté de contracter n'implique évidemment pas la liberté de méconnaître ses obligations contractuelles.

Que faire ? Adopter le plan Paulson, avec des garanties (non une subvention massive, mais des ORA ; et une privatisation de ces banques nationalisées dès que les conditions de marché s'y prêteront) : entre un coût de 2000 $ par Américain et un effondrement du système bancaire, mieux vaut la première solution. Restaurer la confiance. Revenir aux fondements économiques sains d'une société libre : droit égal à la vie, à la liberté, à la propriété, et responsabilité ; fraternité volontaire ; un Etat limité aux missions de police, justice, diplomatie et défense ; une économie du travail, du capital et de l'innovation ; un marché libre permettant de définir des prix d'équilibre ; une taxation qui ne soit pas dépourvue de son corollaire : une représentation qui exerce sa mission de contrôle... Et une monnaie solide (merci à la BCE de n'avoir pas cédé à la démagogie).

Le plan Paulson contrevient-il au libéralisme ? Je répondrais en disant que je m'étonne que les anticapitalistes qui hurlent contre le marché et pour l'intervention de l'Etat en temps normal, soudain en période de crise protestent contre l'intervention de l'Etat et demandent que l'Etat n'intervienne pas et laisse le marché céder la panique (une bulle spéculative à l'envers, une exubérance irrationnelle vers le bas) et mener à l'effondrement du système bancaire. Leur objectif n'est pas la prospérité commune, mais, idéologiquement, d'abattre le libéralisme.

On dit que la crise est causée par le marché, alors qu'il ne fait que traduire de mauvaises décisions politiques : Freddie Mac et Fannie Mae étaient des quasi-agences gouvernementales américaines ; et l'excès de liquidité mises sur le marché par la Fed pour noyer la crise du 11 septembre puis financer la guerre d'Iraq par l'inflation, encourageant les spéculateurs à prendre des risques démesurés et les Américains à emprunter excessivement pour se loger et consommer.

Une crise rebat les cartes. Au total, il y aura un appauvrissement des Américains (au moins temporaire : ils ont toujours su rebondir, jusqu'à maintenant), qui aura un retentissement sur nous, Européens. Le seul moyen que nous avons de nous en sortir est de devenir un relais autonome de croissance, par le travail, l'investissement en capital et l'innovation. A nous de savoir racheter les actifs actuellement sous-évalués. A nous de savoir diversifier nos risques. A nous de savoir ne pas reproduire les ferments de la crise américaine, à tous niveaux. En France, cela passe prioritairement par l'assainissement des finances publiques, c'est à dire par la réduction de la dépense publique, qui rendra à chacun une plus grande maîtrise de son destin et lui évitera de voir, comme en Argentine, son appauvrissement individuel résulter du fait d'erreurs politiques collectives ; et par l'émergence d'un capitalisme populaire, que devraient chercher à favoriser les prochaines vagues de privatisation.

Je terminerai en disant qu'il ne manque pas d'audace des politiciens de blâmer le court-termisme du marché (assertion erronée, cf. Thesmar et Landier, op. cit.), alors que les politiciens sont eux-mêmes coupables d'un court-termisme (induit par la courte durée de leurs mandats) qui n'a d'égal que celui des dirigeants prédateurs déjà cités.