La proclamation unilatérale de l'indépendance du Kosovo, avec la bénédiction des Etats-Unis et du Royaume-Uni, et de certains membres de l'Union européenne dont la France, crée un précédent plus que fâcheux, et ne résoudra aucun des problèmes de la région.
Créer un second Etat musulman en Europe, et donner les clefs de la souveraineté à un peuple certes victime d'exactions serbes, mais lui-même auteur d'exactions contre les Serbes (combien de lieux de culte orthodoxes détruits), et lieu de transit de trafics illégaux, de petite taille et enclavé, économiquement non viable sans l'aumône internationale, qui recevra bientôt, s'il n'en reçoit déjà, des subsides des promoteurs du djihad, est une idée dangereuse, malheureusement en train de devenir réalité. Quitte à détacher les Albanais des Serbes, le directoire international aurait mieux fait de les rattacher à l'Albanie plutôt que de créer ce micro-Etat qui n'a jamais été souverain dans l'histoire, et ne présente aucune garantie qu'il assumera les responsabilités qui sont les corollaires de cette souveraineté.
Ajoutons que la frontière du Kosovo va être contestée, puisque le Nord de la province, contigu au reste de la Serbie, est peuplé de Serbes. Une ligne de partition va donc probablement traverser l'ancienne province, coupant en deux la ville de Mitrovica.
Rappelons que la résolution 1244 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 10 juin 1999, qui sert de prétexte aux actes en cours, réaffirme l'attachement de tous les États Membres à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie et de tous les autres États de la région !
Les Balkans sont une poudrière, c'est devenu un lieu commun. Les Etats qui ont poussé à cette solution porteront la responsabilité d'avoir ajouté un baril de poudre supplémentaire. Les Etats-Unis ont déjà de l'expérience en la matière, avec le soutien apporté aux talibans en Afghanistan, qui a fini par se retourner contre eux.
La France aurait pu s'y opposer, mais a fait le choix de promouvoir la division ethnique, à rebours de son discours officiel sur la diversité culturelle et la coexistence. S'il est utile d'avertir des conséquences de cette faute géopolitique afin de s'en prémunir, il est sans doute trop tard pour défaire ce que l'OTAN a fait depuis 10 ans, dans un mouvement engagé avant le 11 septembre 2001, et qui eût certainement été différent s'il avait été amorcé après cette date.
Désormais, il appartient à l'Union européenne de tout faire pour intégrer ce micro-Etat avec lequel elle n'a pas de frontières, ce qui ne facilitera pas la tâche, et de faire entrer cette économie mafieuse dans un système fondé sur la règle de droit. Ce ne sera pas facile.
Enfin, il ne faudra pas regretter demain d'avoir soufflé sur les braises du nationalisme, lorsque se manifesteront Hongrois, Catalans, Basques, Corses, Abkhazes, Ossètes et autres minorités qui se saisiront de ce qui est, qu'on le veuille ou non, un précédent. Droit à l'autodétermination direz-vous encore alors ? Et dans quelles conditions... Après avoir tué ou éloigné les opposants, l'autodétermination est biaisée. Vous souvenez-vous où avait commencé la première guerre mondiale ? Sarajevo est à 260 km de Pristina.
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