2008-11-24

Y a-t-il un économiste à l'Elysée ?

Encore une fois, le Royaume-Uni, même travailliste, donne à la France une leçon de libéralisme, de politique économique, d'économie politique, d'économie, bref, de politique.

Dès lors que le principe - discutable - d'une relance est acquis, la réduction de 17,5 à 15 % (soit de 2,5 points !) de la TVA, même temporaire, est l'une des meilleures solutions.

Certes la TVA, proportionnelle, est moins nocive que l'impôt sur le revenu, progressif. Et les "administrés" aspirent à plus de stabilité de la réglementation fiscale. Mais s'il s'agit de donner à toute la population quelques marges de manoeuvre budgétaires de plus, ce n'est pas une idée indéfendable.

En outre, l'immense avantage de cette solution d'amener la TVA à son plancher conventionnel (la TVA ne peut normalement être inférieure à 15 %, par traité...) est qu'elle ne comporte aucune distorsion de concurrence. Au contraire, elle bénéficie généralement à tous les secteurs d'activité, et réduit le coin fiscal qui préjudicie à l'initiative économique et aux transactions. Cela vaut infiniment mieux que les "aides ciblées", soumises au marchandage politique des intérêts corporatistes, envisagées par la France de Nicolas Sarkozy et l'Allemagne d'Angela Merkel, qui nous avait habitués à être plus inspirée. Ajoutons qu'on cherche la cohérence entre un "Grenelle de l'environnement" et le subventionnement de l'industrie automobile : le contribuable paie deux fois, pour des actions contradictoires.

De surcroît, la mesure de réduction de la TVA est simple d'application, sans bureaucratie ni tombereaux de réglementation nouvelle. Elle empêche de plus la démagogie consistant à présenter comme des actions nouvelles des mesures déjà votées, ce qui contribue à décrédibiliser encore la parole publique.

Si la mesure est temporaire, elle n'a pas d'effet déflationniste par procrastination : elle incite à agir avant la remontée au taux initial.

Dernier avantage : réduire les recettes a le même effet apparent (se souvenir de Bastiat : ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas...) qu'augmenter les dépenses : stimuler l'économie artificiellement par le déficit ; mais en contraignant encore les ressources du Léviathan, elle le force aussi à prendre ses responsabilités et à limiter, tôt ou tard, ses dépenses, sous peine de banqueroute.

Nota bene : Cet article ne porte que sur la baisse de la TVA : d'autres mesures envisagées dans le paquet de Gordon Brown et Alistair Darling sont dignes du parti socialiste français : hausse de l'impôt sur le revenu pour "les riches", déficit record de 118 milliards de livres en 2010, suspension de la règle d'or de l'équilibre des finances publiques sur un cycle économique jusqu'en 2015-2016, etc.
Dépenser, dépenser, dépenser un argent public qui n'est pas dans les caisses : comme en France, le résultat sera un appauvrissement réel, une banqueroute publique et/ou une relance délibérée de l'inflation (par une atteinte à l'indépendance de la BCE ou une sortie de l'euro) dans les 10 ans. Impensable ? Souvenez-vous de l'Argentine, de l'Islande, de la Hongrie. On en reparlera en 2018 ou même avant !

Liens :
- Vincent Bénard (Objectif Liberté) parie sur l'hyperinflation
- Loïc Abadie (Tropical Bear) parie sur la déflation

6 commentaires:

Rubin Sfadj a dit…

Bravo pour ce brillant article. Je doute hélas que le gouvernement ne décide d'une baisse de la TVA, nos propres déficits étant incomparables à ceux de la Grande Bretagne.

Anonyme a dit…

Dette GB = 43,8 % du PIB
http://cluaran.free.fr/debt.html

Dette France = 64,2 % du PIB
http://cluaran.free.fr/dette.html

Rubin Sfadj a dit…

C'est bien ce que je dis ;-)

Anonyme a dit…

Entendu aujourd'hui au Parlement de Westminster à propos de Gordon Brown: "He thinks he can borrow his way out of debt".

BLOmiG a dit…

Merci pour cet article.
Le problème avec l'économie, c'est que pour s'en servir, il faut déjà l'avoir apprise. Et pas seulement de manière technique : philosophique aussi.

Nos politiciens n'ont aucune culture économique.

monoi a dit…

Pardonnez moi, mais vivant au RU, je vais prendre de plein fouet les hausses d'impots deguises genre 0.5% sur la NI qui va toucher beaucoup de monde, ou le blocage des plafonds de revenus non imposes, ou encorel'augmentation des taxes sur les carburants, alcools et cigarettes pour compenser la baisse de la TVA.

Il y a d'ailleurs plusieurs choses a ce sujet qui montrent la duplicite des socialos: ces "duty" ne seront pas abaissees quand la TVA remontera (la TVA s'applique dessus bien sur, une taxe sur la taxe), et ces augmentations ont lieu immediatement (sur les clopes en tout cas) ce qui fait que la reduction de la TVA le 1er decembre sera ineffective de toute facon vu que celle ci aura lieu sur le nouveau prix...

Sans compter que cet enfoire de darling s'est fait prendre la main dans le sac avec une fuite d'un document du treasury qui prevoit la TVA a 17.5% pour 2010/2011 et 18.5% pour 2011/2012...

Et puis quand les magasins bradent tout a 50% et que Woolworths ferme la porte, la baisse de TVA c'est du pipeau. Surtout quand pour le meme cout (ou plutot baisse de revenus pour l'etat), on aurait pu relever le plancher d'imposition pour tout le monde a £10000.

Sans compter les projections plutot optimistes de ces sinistres cretins qui ont tout faux depuis des annees.

Le liberalisme, si tant est qu'on puisse parler de cela dans un pays gouverne par des types genre blair et brown, c'est pas vraiment ca.

Oh, et le deficit UK, c'est largement plus que 43% (pas du genre 44 ou 45%, plutot 2 ou 3 fois plus): attendez avril quand le PFI devra etre incorpore dans les livres (brown peut bien critiquer les banques pour le off balance sheet, il a bien montre l'exemple). Sans parler des retraites de la fonction publique...

Mais bon, chaque gouvernement socialo sans exception ici a conduit le pays a la ruine. Plus ca change...

Un bon site http://burningourmoney.blogspot.com/