2009-03-13

Paradis fiscaux

Deux excellents paragraphes du récent billet d'Objectif Liberté sur les paradis fiscaux :
"Si l'on s'en tient aux arguments purement économiques, rappelons une fois encore que la présence de paradis fiscaux est économiquement bénéfique, je dis bien, bénéfique, aux états les plus forts en taxes.

"En effet, par le biais de montages financiers discrets, l'argent transitant par les paradis fiscaux revient généralement en bonne partie dans le pays de résidence du détenteur de fortune qui les a utilisés pour se soustraire à la voracité de son fisc. C'est ainsi qu'en soustrayant de l'argent gagné des griffes de l'agent économique le plus inefficace qui soit, j'ai nommé l'état, les paradis fiscaux, malgré les marges d'intermédiation que leur utilisation occasionne, permettent à des projets autrement non finançables de voir le jour..."
L'offensive des purgatoires fiscaux contre les paradis fiscaux, réels ou prétendus, paraît avoir trois causes, alternatives ou cumulatives :

1. Ils fournissent de commodes boucs-émissaires (cf. René Girard) pour expliquer une crise dans laquelle les erreurs de la régulation étatique paraissent avoir une responsabilité significative, et ainsi s'en absoudre.

2. La crise est un prétexte pour les États purgatoires de se tirer ces épines du pied : les paradis fiscaux leur empoisonnent la vie depuis longtemps, en offrant une solution de repli aux agents économiques persécutés dans des pays sur la route de la servitude. Les blâmer permet non seulement de rejeter la faute sur eux mais aussi de remporter une bataille, si ce n'est la guerre économique, contre ces concurrents importuns. La crise économique n'a rien à voir avec les paradis fiscaux, mais elle permet, comme la lutte contre le terrorisme, de justifier tout, et n'importe quoi.

3. Les États purgatoires préparent des potions amères, et ils préparent le terrain en obturant les échappatoires. Que ce soit lors du G20 prochain (peu probable : il y a peu de chance d'une entente du directoire mondial avant l'éventuel effondrement du système monétaire) ou plus tard (lorsqu'il faudra s'acquitter des dettes accumulées à un rythme sans précédent actuellement), les agents économiques des États purgatoires seront mis à contribution et il importe d'éviter préalablement qu'ils aient la possibilité de s'évader fiscalement...

J'en profite pour caser quelques brèves :

- Lu dans The Economist : "A planned constitutional amendment would bar states from running deficits and would limit federal budget deficits to 0.35% of GDP, beginning in 2016" : un amendement constitutionnel est envisagé en Allemagne pour limiter le déficit fédéral à 0,35% à partir de 2016. À quand une telle proposition en France ?

- Je recommande l'excellente interview de Jim Rogers sur la crise publiée par Bull! Not Bull

- Faut-il investir dans l'or ? Y a-t-il déjà une bulle sur l'or ? Ce thème commence à apparaître, compte tenu de l'unanimisme qui commence à poindre au sujet de cette valeur-refuge. Personnellement, le platine paraît un investissement au moins aussi judicieux : c'est une réserve de pouvoir d'achat aussi concentrée, et avec un usage industriel qui devrait faire rebondir sa valeur lorsqu'il y aura reprise, dans un an ou dans dix.

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