Lettre ouverte à Nathalie Griesbeck et Jean-François Kahn, candidats au mandat de député européen de 2009 à 2014, en réaction déçue à l'article "Agissons sur l’effondrement du Prix du Lait avec une autre Commission européenne" :
Chère Nathalie, cher Jean-François,
José Manuel Barroso et Michel Barnier "ultralibéraux" ? Soyons sérieux... Campagne électorale certes, mais ne versons pas dans la démagogie ! Laissez le qualificatif d'ultralibéral au NPA, s'il vous plaît.
Quant à l'utralibéralisme du PPE... Si Barroso avait été de l'ELDR, l'argument aurait eu plus de poids, mais le PPE est un parti de la droite conservatrice, pas très libérale.
S'agissant de la politique agricole commune souhaitée par M. Barnier, et qu'il a défendue à Bruxelles, rappelons qu'elle consistait en :
- soutien au pouvoir d'achat des consommateurs, à cause de l'envolée des prix agricoles en 2007-2008
- soutien aux agriculteurs, en raison de la chute des prix à la fin de 2008
- "régulation" des produits dérivés tels que les contrats à terme, sur les matières premières, qui sont des instruments de "spéculation financière"
- "régulation" des prix, pour éviter les fluctuations contre lesquelles les agriculteurs ne peuvent se couvrir, compte tenu de la proscription des instruments "spéculatifs"
- planification des quantités produites, avec subvention lorsque la quantité est insuffisante et compensation financière lorsque la quantité est excessive !
En bref, argent public et bureaucratie, aux dépens du contribuable présent et à venir. Au contraire de "l'utralibéralisme" fantasmé, il s'est fait le défenseur de l'intervention à tout propos.
Michel Barnier, ministre de l'agriculture, critiquait d'ailleurs, dans Le Parisien du 14 avril 2008, « un trop grand libéralisme, une trop grande confiance faite au marché, avec des phénomènes de spéculation internationale sur les matières premières qui sont nouveaux et qui (l)'inquiètent (...) On ne doit pas laisser l'alimentation des gens, question vitale, à la merci des seules lois du marché et de la spéculation internationale ».
Plutôt que d'agiter des épouvantails, il serait préférable que les candidats à l'eurodéputation expliquent aux Français les efforts avortés de Turgot - auteur en 1770 des Lettres au contrôleur général sur le commerce de grains et en 1774 de l'arrêt du Conseil établissant la liberté du commerce des grains et des farines à l'intérieur du royaume et la liberté de l'importation - et de Loménie de Brienne, l'échec de la loi du maximum général, l'abolition des Corn laws, l'Anti-Corn Law League, l'école de Manchester, le cycle de Doha...
Une autre politique concevable serait la réorientation des fonds alloués à l'agriculture vers l'enseignement supérieur et la recherche, ainsi que vers les réseaux transeuropéens (le TGV Est s'arrête à Strasbourg, quand l'Orient-Express allait jusqu'à Vienne encore récemment) pour préparer l'Europe de demain. Et concernant l'agriculture : un marché agricole libre, la liberté des prix et de la production, et l'utilisation par les agriculteurs seuls ou associés de contrats à terme afin de stabiliser le prix de vente de leur production s'ils le souhaitent. Ni argent public, ni bureaucratie, mais un ajustement de la production aux besoins, et des besoins à la production.
2 commentaires:
Bravo pour cet article clair et complet sur la question. Oui : Barnier n'est pas un grand libéral, c'est le moins qu'on puisse dire.
Le traiter de libéral, c'est montrer au grand jour toute son incompétence intellectuelle : manque de rigueur, manque de connaissance, manipulation.
ça ne me surprend qu'à moitié venant de JF Kahn.
L'ultra libéralisme fait référence à une doctrine économique favorable à une déréglementation quasi totale du marché alors que ce qui unit les partis regroupés au sein du groupe de l'ELDR au Parlement européen, c'est le libéralisme philosophique, nuance! Ils défendent certes le libéralisme économique mais certainement pas l'ultra libéralisme à la Thatcher ou à la Bush... personnalités de la droite conservatrice.
Tout conservateurs qu'ils soient sur le plan des idées,M. Barroso et ses amis du PPE sont des adeptes de la libéralisation à tous crins. Ce n'est pas une opinion, c'est un constat...
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