2012-03-06

Sarkozy à contre-sens sur l'autoroute

Nicolas Sarkozy à contre-sens sur l'autoroute, c'est l'image à laquelle peuvent faire penser ces derniers jours de campagne.

Voulant diviser au lieu de rassembler, persistant dans les erreurs qu'il a commises et dans un style agressif dont il est probablement incapable de se départir plus que le temps d'une émission de télévision, aveugle quant aux réformes dont le pays à besoin, adepte du capitalisme d'Etat et de la connivence avec les entreprises du CAC 40, quand c'est d'un capitalisme populaire et de PME que la France a besoin, promoteur de l'étatisme impotent et impécunieux quand l'Etat, en France, est comme une rivière sortie de son lit qui a inondé les champs alentour, quand la France a besoin de réformes libérales et d'un Etat recentré sur ses missions essentielles afin d'y retrouver crédibilité, efficacité et équilibre financier, adepte de la concentration du pouvoir quand il devrait être rendu aux Français, pratiquant l'illusion à laquelle lui seul semble croire, fort en paroles et faibles en actes, "sans colonne vertébrale" en matière d'idées, Nicolas Sarkozy fait fausse route et accélère.

Sa seule chance serait de fendre l'armure, d'adopter un ton plus rassembleur encore que celui de François Hollande, de reconnaître ses erreurs et d'annoncer quelques axes de réformes essentielles, nécessaires et crédibles pour les 5 ans à venir, plutôt que de jeter de l'huile sur la braise communautaire en promettant des réformes accessoires comme l'étiquetage alimentaire qu'il a refusé de faire pendant 5 ans.

Equilibre budgétaire sans délai, réforme fiscale d'ensemble afin de parvenir à une vraie progressivité (à défaut de flat tax, un impôt réellement progressif serait un moindre mal : le plus lourd tribut est payé par les classes moyennes aujourd'hui : les pauvres sont exonérés, et les très riches paient un impôt dégressif...), rétablissement de l'éloignement des étrangers délinquants, soutien de la réforme anglaise de la CEDH, coopération militaire européenne, ouverture des professions réglementées, réduction du nombre de parlementaires, démocratie locale référendaire, doublement des moyens de la justice en réduisant les moyens alloués à d'autres ministères, réforme de la PAC... Il y aurait une foule de choses à faire si l'on faisait sérieusement un bilan du premier quinquennat...

À défaut d'une profonde remise en cause d'un candidat qui n'inspire que le rejet, hormis pour quelques groupies rescapées de l'ex-RPR, les modérés et libéraux ayant été écartés ou ayant pris leurs distances de leur propre mouvement, les Français qui réfléchissent se disent :
1. qu'apporterait de plus un second mandat sans bilan critique du premier, a fortiori compte tenu de la place prise par la droite populiste dans la majorité au détriment de la droite libérale et modérée ?
2. la chance que Nicolas Sarkozy change de méthode de gouvernement et accepte la séparation des pouvoirs, le jeu des contre-pouvoirs, de la concertation et du dialogue pour parvenir à un diagnostic partagé et à des décisions de consensus, plutôt que de cliver et d'imposer sa décision, parfois judicieuse, souvent erronée car précipitée et mal conçue, est-elle plus qu'epsilonesque ?

Certains voteront Hollande sans voir que ce vote précipite la ruine des finances de la France, certains voteront Bayrou sans voir que ce vote est inutile en l'absence de chance sérieuse de parvenir au second tour (en l'absence de ralliements de poids et de mise en place d'une machine électorale efficace) et en l'absence de détermination à mener une politique volontaire de réforme en profondeur, certains voteront Le Pen sans voir que son programme économique fait presque de Mélenchon un social-traître...

Triste ciel de France en cette fin d'hiver.

1 commentaire:

Le Parisien Liberal a dit…

constat très juste