2008-11-27

Fra-ter-ni-té !

Après sa courte défaite face à Martine Aubry, Ségolène Royal a promis, en même temps que sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, d'organiser de nouvelles "fêtes de la fraternité".

Fra-ter-ni-té répétait-elle à Bercy, lors du premier de ces spectacles politiques d'un genre nouveau le 27 septembre 2008 ("les ultralibéraux retournent leur veste", y disait-elle d'ailleurs). Ou pas si nouveau si l'on songe aux bizarres spectacles politico-religieux des années 1790: fête de la Fédération, fête de l'Être suprême, etc.

En entendant cette incantation à la fraternité, impossible de ne pas penser à Frédéric Bastiat qui écrivait dans La Loi :
"Au bout de ses systèmes et de ses efforts, il semble que le Socialisme, quelque complaisance qu'il ait pour lui-même, ne puisse s'empêcher d'apercevoir le monstre de la Spoliation légale. Mais que fait-il ? Il le déguise habilement à tous les yeux, même aux siens, sous les noms séducteurs de Fraternité, Solidarité, Organisation, Association. Et parce que nous ne demandons pas tant à la Loi, parce que nous n'exigeons d'elle que Justice, il suppose que nous repoussons la fraternité, la solidarité, l'organisation, l'association, et nous jette à la face l'épithète d'individualistes.
Qu'il sache donc que ce que nous repoussons, ce n'est pas l'organisation naturelle, mais l'organisation forcée.
Ce n'est pas l'association libre, mais les formes d'association qu'il prétend nous imposer.
Ce n'est pas la fraternité spontanée, mais la fraternité légale.
Ce n'est pas la solidarité providentielle, mais la solidarité artificielle, qui n'est qu'un déplacement injuste de Responsabilité.
Le Socialisme, comme la vieille politique d'où il émane, confond le Gouvernement et la Société. C'est pourquoi, chaque fois que nous ne voulons pas qu'une chose soit faite par le Gouvernement, il en conclut que nous ne voulons pas que cette chose soit faite du tout. Nous repoussons l'instruction par l'État ; donc nous ne voulons pas d'instruction. Nous repoussons une religion d'État ; donc nous ne voulons pas de religion. Nous repoussons l'égalisation par l'État ; donc nous ne voulons pas d'égalité, etc. C'est comme s'il nous accusait de ne vouloir pas que les hommes mangent, parce que nous repoussons la culture du blé par l'État."

Bastiat a consacré un texte entier au thème de la fraternité : Justice et fraternité, disponible en ligne ou en livre, dont je recommande chaleureusement - fraternellement ! - la lecture à tous les participants aux fêtes de la fraternité de Ségolène Royal.


3 commentaires:

BLOmiG a dit…

excellent !!!!

Merci beaucoup de mettre en ligne le lien vers le texte Justice et Fraternité, je fonce le lire.
Maintenant, je sais qui m'en a parlé ! ;)

AsTeR a dit…

Eloquent, Bastiat est vraiment bon pour offrir des reflexion courte, compréhensible et percutante.

AsTeR a dit…

Et moi pour oublier des -s à mes adjectifs ! Désolé ;)