2012-02-16

Nicolas Sarkozy annonce sa candidature à un second mandat

Quelques réactions sur la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy, hier soir sur TF1 :

- Nicolas Sarkozy nous explique qu''il "y a une France qui ne croit plus en rien", notamment en l'Europe; il va donc "redonner la parole aux Français".
Si les Français sont d'une humeur nihiliste et dépressive en ce moment, ce n'est peut-être pas de bonne politique que de laisser leurs passions mauvaises s'exprimer maintenant... Même si au fond, on ne peut qu'approuver davantage de démocratie directe, pour laquelle Nicolas Sarkozy n'a jamais montré d'inclination sincère ; notamment, il a introduit le référendum d'initiative populaire à l'article 11 de la Constitution avec tant de conditions et de restrictions qu'il n'est pas près d'être utilisé. Et surtout, la loi organique pour l'application ce cet article 11 de la Constitution n'a toujours pas été adopté ! Quant au respect des décisions du peuple, on a vu ce qu'il en était avec le traité de Lisbonne, contournement du "non" des Français au projet de traité constitutionnel européen...

- La France forte, des Français protégés.
Nous, libéraux, voulons un Etat moins présent, resserré sur ses missions essentielles. Quant aux Français, ils doivent certes être protégés ; il faut revenir aux missions essentielles de police, justice, secours aux plus faibles, qui sont mal assurées aujourd'hui ; en revanche, la France n'a pas besoin d'un "Etat protecteur" encore plus qu'il ne l'est déjà. La France a besoin de liberté, les Français ont besoin de retrouver la maîtrise de leurs destins personnels, pas de plus de socialisme. Ce qu'il manque à la république, ce sont d'authentiques citoyens, libres et responsables. La dépendance à l'égard de l'Etat clientéliste est déjà excessive; c'est une faute de l'encourager encore et toujours. Oui, il faut indiquer une direction aux Français, un chemin de sortie de la crise et du pessimisme ; mais cela ne signifie pas de montrer sans cesse toutes les directions à la fois comme une girouette ; ni montrer la direction mauvaise de l'étatisme quand l'Etat est déjà à bout de ressources après 30 ans d'une politique qui ne fonctionne pas.

- Ce serait le travail du Président de la République, d'aller dans chaque entreprise qui risque la faillite pour la "régler les problèmes".
Eh bien non ! Les Français en ont assez de l'hyperprésidence, qui est une illusion. L'Etat ne doit pas intervenir sans cesse dans l'économie, et surtout pour des cas particuliers, mais créer les conditions de la prospérité. C'est oublier que la croissance se crée par une "destruction créatrice" expliquée par Schumpeter; des entreprises disparaissent et de nouvelles apparaissent. Il ne s'agit pas de sauver à tout prix toute entreprise menacée, mais d'encourager la naissance des nouvelles, et d'accompagner la croissance de celles qui réussissent plutôt que de les piller.
Et si le gouvernement ressent le besoin de montrer sa sollicitude, ce n'est pas au Président de la République de se déplacer sans cesse, mais au ministre du travail et de l'emploi (qui ressemble plutôt au ministre du chômage...).

- À chaque fois qu'il y aura blocage, Nicolas Sarkozy veut recourir au référendum.
Si ce n'est pas du populisme... On voit qu'il ne s'agit en rien de démocratie directe, à l'initiative du peuple, à la façon suisse, au niveau local. On voit la conception qu'a Nicolas Sarkozy du référendum : c'est un instrument pour court-circuiter les institutions de la république lorsqu'il le trouve opportun. C'est le signe d'une démocratie malade, l'instrumentalisation du vote du peuple faisant apparaître les discordances entre son avis et celui de représentants qui le représentent mal, sans qu'on analyse les causes de cette distance et de cette distorsion entre représentants et représentés...

- Un ton à la fois las, défensif et agressif.
Pas enthousiaste, pas offensif, pas apaisé.

Conclusion :
1. La méthode de gouvernement resterait mauvaise, à l'image de celle pratiquée de 2007 à 2012, et ce n'est pas la bonne : Nicolas Sarkozy se mêle de tout et veut décider de tout, alors que la France a besoin de subsidiarité, et qu'un seul homme ne peut avoir raison sur tout. Les décisions publiques ne doivent pas être le fruit de l'analyse d'un seul homme, fût-il oint par le suffrage universel, mais doivent être la mise en œuvre de la délibération réfléchie, éclairée, des citoyens de France par eux-mêmes ou par des représentants à leur image, à l'échelle appropriée. En outre, il faut rendre des prérogatives aux collectivités territoriales (régions, communes), et retrouver le sens de la séparation de trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) développée par Montesquieu, alors que la tendance voulue par Nicolas Sarkozy est une concentration toujours plus forte des pouvoirs entre les mains d'un seul homme, lui-même.
2. Qu'apporterait un second mandat de plus ou de mieux que le premier ? Le premier mandat n'a pas été celui de la rupture libérale espérée. Rien dans les propos tenus hier soir ne laisse espérer des réformes thatchériennes, permettant de retrouver la croissance, permettant de remettre la France dans le peloton de tête des pays libres politiquement et économiquement. Pour espérer avoir notre soutien, Nicolas Sarkozy devrait reprendre les critères de ces deux classements de liberté politique et économique, et s'engager à prendre les mesures concrètes pour permettre à la France de remonter significativement dans chacun d'eux. Et cela n'a aucune chance d'arriver, avec la brochette d'illibéraux qui entourent le candidat (à l'exception d'Emmanuelle Mignon, dont on se demande ce qu'elle est venue faire dans cette galère). De même qu'on peut être non immoral mais amoral, la droite française est moins antilibérale qu'alibérale, ignorant tout du libéralisme.

Post scriptum : On apprend qu'Hervé Morin, du Nouveau Centre, renonce à sa candidature et se rallie à Nicolas Sarkozy. Que fera Alternative libérale, qui soutenait Hervé Morin ? Rejoindra-t-elle Nicolas Sarkozy qui n'a rien de libéral ? Ou suivra-t-elle la voie du PLD ?

Mise à jour : L'ancien président d'AL, Louis-Marie Bachelot, s'est clairement prononcé en faveur de l'option Bayrou qu'avait déjà prise le PLD. Les libéraux de France semblent tous ou presque parvenir à la même conclusion : voter au centre ou à droite, mais pas Sarkozy, donc Bayrou.

1 commentaire:

Le Parisien Liberal a dit…

c'est la conclusion logique qui se dégage